La secrétaire d’Etat à l’égalité hommes-femmes a choisi le Women’s Forum Americas, qui s’est tenu les 30 et 31 mai à Mexico, pour l’annoncer :
« Je vais demander au Haut-Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) d’étudier la possibilité de relever à 50% tous les quotas de femmes existant dans tous les domaines », a déclaré Marlène Schiappa dans une enceinte où le sujet avait été abordé à plusieurs reprises pendant ces deux journées. Rappelant que l’égalité entre les hommes et les femmes est la « grande cause nationale » du quinquennat d’Emmanuel Macron, elle a estimé qu’à ce jour, « aucun pays n’a atteint la parité et aucun d’entre eux n’y parviendra seul ». La France, qui préside cette année le G7, a décidé d’avoir un « impact féministe » sur cette réunion des dirigeants des sept pays les plus riches du monde. Encore la France devait-elle donner l’exemple.
Pour l’instant, des quotas à 40%
« Il n’y a pas de raison de laisser des quotas à 30% ou 40% alors que nous représentons 52% de l’humanité. 50% est déjà un compromis », argumente Marlène Schiappa pour expliquer sa volonté de faire évoluer la législation française. Une fois le principe validé par le HCE, un nouveau texte devrait donc faire évoluer la loi Copé-Zimmermann de janvier 2011, qui fixe à 40% la part des femmes dans les conseils d’administration des sociétés cotées, et la loi Sauvadet de mars 2012, qui a étendu le système des quotas aux postes de la haute administration. Marie-Jo Zimmermann, qui était à l’époque députée de la Moselle, déplorait d’ailleurs d’avoir dû ramener à 40% de femmes le niveau exigé par la loi, pour des raisons « diplomatiques ».
Il n’y a pas qu’en France que l’idée des quotas progresse. Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds Monétaire Internationale (FMI), avait expliqué, le 30 mai au Women’s Forum, avoir changé d’opinion à ce sujet, et être favorable à des quotas temporaires. En particulier dans le domaine de l’éducation, pour s’assurer que les filières technologiques ne resteront pas un quasi-monopole masculin : essentiel pour que l’intelligence artificielle ne reproduise ni ne renforce les stéréotypes de genre en vigueur dans la société.
« Désolée, mais les quotas, ça marche »
L’économiste mexicaine Gabriela Ramos, sherpa de l’OCDE au G20, a quant à elle rappelé que la question des inégalités entre les hommes et les femmes était entrée dans le débat international en 2014 et qu’il ne risque plus d’en ressortir. « Cinq ans après la crise financière, la situation économique était toujours aussi plate, a-t-elle expliqué. Avec le sherpa des Etats-Unis, nous nous sommes demandé quels pouvaient être les nouveaux relais de croissance, et nous avons pensé au sujet des inégalités entre les hommes et les femmes. Pour être concrets, nous avons calculé que si l’on réduisait de 20% l’écart de participation à l’économie entre les hommes et les femmes, il y aurait 100 millions de femmes de plus au travail. »
Des progrès, depuis, ont été faits, même si c’est de façon assez inégale. Comment continuer à avancer ? « Désolée, mais les quotas, ça marche », a lancé Gabriela Ramos. C’est la conclusion à laquelle est aussi arrivé le gouvernement d’Andres Manuel Lopez Obrador, au Mexique, en instaurant « une parité qui s’appliquera dans tous les Etats du pays et l’égalité salariales ». Un premier pas qui reste cependant insuffisant, dans un pays où de nombreuses femmes travaillent à la maison de façon clandestine et ne bénéficient donc d’aucune protection sociale, comme l’a fait remarquer Luisa Maria Alcalde Lujàn, 31 ans, la ministre du travail mexicaine. Les quotas sont peut-être nécessaires, mais ils ne peuvent pas tout résoudre.