Elle était la doyenne de la Cour Suprême, la championne toutes catégories de la défense des droits des femmes et des minorités. Ruth Bader Ginsburg s’est éteinte, ce vendredi 18 septembre, après une vie de combats .
La vie de Ruth Bader Ginsburg, RBG pour ses supporters, n’aura été qu’une vie de combats. Un combat pour entrer dans une prestigieuse école de droits américaine, une lutte pour l’égalité entre les sexes, un conflit ouvert avec Donald Trump et enfin, une bataille contre le cancer. A 87 ans, la doyenne de la Cour Suprême s’est éteinte, emportée par un cancer du pancréas.
La société progressiste américaine en avait fait son icône et sa disparition ouvre la porte à une intense bagarre politique. « Chaque femme, chaque fille, chaque famille en Amérique a bénéficié de son intelligence éclatante », a déclaré la chef des démocrates au Congrès Nancy Pelosi, en apprenant son décès.
Un vie de combats
Toute la vie de Ruth Bader Ginsburg, née Joan Ruth Bader en 1933 à Brooklyn, a tourné autour de l’égalité des sexes. Alors que certains préparaient leur entrée à l’université, elle, s’y était vu refuser l’accès, dans les années 50 : elle était une femme et une femme ne devait pas entreprendre d’études supérieures. Mais peu importe, elle bouscule les conventions et s’impose dans des établissements prestigieux dont l’université de Cornell, l’école de droit de Harvard et Columbia après s’être mariée et avoir donné naissance à une fille en 1955. Elle en ressortira avocate. Brillante, d’ailleurs. Elle obtiendra une série de victoires devant la Cour suprême dans des affaires de discriminations liées au sexe. Des affaires soigneusement choisies qui mettent en évidence que les discriminations touchent aussi les hommes. Dans le même registre, elle lance, dans les années 70, une revue juridique consacrée aux droits des femmes. De quoi taper dans l’œil des démocrates.
Jimmy Carter la nomme à la Cour d’Appel du district de Columbia et Bill Clinton la promeut, en 1993, à la Cour Suprême: la plus haute instance juridique américaine, chargée de trancher sur les questions de constitutionnalité et les grandes questions de la société américaine comme la peine de mort, le port des armes ou encore l’avortement. Elle aurait pu prendre sa retraite, à 80 ans, avec l’élection d’Obama et avoir ainsi l’assurance d’avoir un ou une successeuse démocrate dans son fauteuil mais elle s’y est refusée. L’élection de Trump la pousse, malgré la récidive de son cancer, à poursuivre son travail.
« Notorious RBG »
Ce qui distinguait Ruth Bader Ginsburg des autres ? Un physique frêle, 1m50 pour 50 kg et des prises de position de gauche, principalement. Un caractère trempé aussi et des collerettes sophistiquées qu’elle apposaient sur sa robe de magistrat à la Cour Suprême. Ses combats tournaient autour de l’environnement, de la défense des minorités et de l’égalité entre les femmes et les hommes. Au sujet de l’avortement, elle estimait que « le gouvernement américain n’a pas à interférer dans ce choix qui doit revenir aux femmes ». Inutile de préciser donc, que les Républicains la redoutaient et qu’ils n’auraient jamais bu leur café dans les mugs flanqués du portrait de la juge, ni fait du sport avec un t-shirt à son effigie.
Car c’était aussi ça, Ruth Bader Ginsburg, un phénomène culturel. Un film, un documentaire, des sketchs sur elle au Saturday Night Live ainsi qu’un opéra-comique sur ses combats ont été produits. Ses idées, en phase avec une majorité de jeunes américains, brinquebalés entre le conservatisme ambiant et le progressisme, ont conquis cette population, au point de gagner le surnom de « Notorious RBG » en référence au rappeur américain Notorious Big.
Femmes 3000 Fédération salue son parcours et lui rend un hommage appuyé
Commission Loi&Politique de Femmes 3000
(*)Source de l’article : La rédaction de LCI – 19 sept 16 :44