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Charlotte Poussin au Café de Flore le 15 mai 2018

En mai 2018, c’est Charlotte Poussin, 43 ans, qui nous a fait le plaisir d’évoquer aux Mardis du Flore, devant une assemblée très participative, la pédagogie Montessori. Mère de 5 enfants, cette éducatrice Montessori diplômée  de l’AMI, après avoir été 14 ans dans la classe et directrice d’école, est aujourd’hui membre du conseil d’administration de l’association Montessori de France (AMF), ainsi que formatrice. Elle a traduit Maria Montessori, dont le livre le plu lu, dans sa nouvelle édition complétée: L’Enfant (DDB). Charlotte Poussin est aussi auteur d’ouvrages sur le sujet (dont le Que sais-je?, PUF et plusieurs titres chez Eyrolles) , de jeux éducatifs (Eyrolles) et de livres pour enfants (Bayard) .
 
Loin des clichés qui voudraient réduire la pensée de Maria Montessori à une pédagogie permissive pour parents démissionnaires, Charlotte Poussin nous a présenté la genèse de cette approche empirique aujourd’hui mondialement connue : créer, au début du XXe siècle, un lieu serein adapté à l’accueil d’un groupe d’enfants romains livrés à eux-mêmes. Structures accueillantes et ouvertes, mobilier ergonomique et matériel pédagogique conçu à force d’observation, attitude bienveillante et distanciée des éducateurs sont ainsi les piliers de cette pédagogie où l’enfant, stimulé de lui-même par un environnement propice, ne fait pas ce qu’il veut, mais à coup sur, « veut ce qu’il fait ».
 
Liberté de mouvement, respect du rythme de l’enfant, découverte autonome, expérimentation, entraide ont vocation à permettre à l’enfant d’apprendre de façon active : ce qui est découvert est su pour toujours.
Les neurosciences corroborent en effet les intuitions et expériences de Maria Montessori : on apprend mieux lorsqu’on est motivé par un sujet, détendu et en forme, dans un environnement calme. Le stress inhibe les capacités réflexives et de mémorisation. 
 
A contrario, l’autonomie favorise l’autodiscipline, les capacités organisationnelles et d’adaptation, de même que l’entraide entre enfants favorise la bienveillance, le travail en équipe et l’empathie. 
 
L’enfant Montessori ne travaille pas pour être le meilleur, il travaille parce qu’il aime apprendre. L’absence de système de notes évite la comparaison ou la dévalorisation qui, conduisant à l’humiliation, la frustration ou à la colère, favoriseraient la violence ou le harcèlement à l’école. L’évaluation en continu évite également à l’enfant de développer un besoin de reconnaissance, moteur exogène de la motivation et de l’estime de soi, sur lequel l’enfant se construit en dépendant du regard de l’autre. L’absence de classement et de notation permet à l’enfant de s’affranchir de cette pression et d’apprendre pour lui-même, parce qu’il est curieux, tout simplement.
 
 Charlotte Poussin estime que si les enfants du XXIe siècle grandissaient dans un tel environnement, ces adultes en devenir seraient certainement à même de construire une société plus mature et bienveillante. 
 
Comme le disait Maria Montessori, « n’élevons pas nos enfants pour le monde d’aujourd’hui. Ce monde n’existera plus lorsqu’ils seront grands. Et rien ne nous permet de savoir quel monde sera le leur : alors, apprenons-leur à s’adapter ». 
A en juger par les nombreuses questions qui ont alimenté le débat au delà de l’horaire habituel, le sujet a plu ! Nos remerciements à Charlotte Poussin.

La pédagogie Montessori, a plus que jamais, le vent en poupe. Mais au fond quels sont les fondements de cette approche, au-delà de l’effet de mode ? En quoi diffère-t-elle de la pédagogie actuellement développée dans les programmes de l’Education nationale ? Pour vous en parler, nous vous proposons de rencontrer l’une des figures incontournables de Montessori en France, Charlotte Poussin.

Diplômée de l’association Montessori International depuis 2000, Charlotte a exercé comme éducatrice Montessori durant 15 ans, dont dix années passées en Amérique du sud et aux Etats-Unis. A son retour en France, elle a été surprise de constater que cette pédagogie, mal comprise, y pâtissait en outre d’une réputation ambivalente, faite de préjugés.

Elle s’est donc donné pour mission, après avoir dirigé une école Montessori, de faire (re)découvrir cette pédagogie aux parents et à leurs enfants à travers des ouvrages et des coffrets d’activité tels que Apprends-moi à faire seul, la pédagogie Montessori expliquée aux parents (Eyrolles) et le Que sais-je? sur le sujet (PUF). Une manière de confirmer à ces derniers que les principes pédagogiques expérimentés en Italie par une femme enseignante et médecin, quoique datant d’un siècle, sont plus que jamais d’actualité dans notre 21e siècle hyper connecté, complexe et évolutif, dans la mesure où ils sont fondés sur la curiosité, l’autonomie et la capacité d’adaptation de chaque enfant.

Comme membre du conseil d’administration de l’association Montessori en France, elle souhaite contribuer à l’évolution des méthodes d’enseignement vers plus d’interactivité et d’autonomie, y compris dans l’enseignement public, forte du conseil de Maria Montessori : « N’élevons pas nos enfants pour le monde d’aujourd’hui. Ce monde n’existera plus lorsqu’ils seront grands. Et rien ne nous permet de savoir quel monde sera le leur : alors, apprenons-leur à s’adapter ». Elle nous expliquera les fondements de cette pédagogie, en quoi les découvertes actuelles des neurosciences corroborent les principes de cette méthode élaborée durant plusieurs décennies au 20e siècle à partir de l’observation d’enfants en situation de découverte et d’apprentissage.

Les enfants d’aujourd’hui constituant des adultes en devenir, Charlotte Poussin est convaincue que si l’enseignement change, le monde de l’entreprise, le management et les interactions sociales entre adultes évolueront aussi vers plus d’empathie, de confiance et de respect mutuel pour un monde plus juste et apaisé.